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Bertolt Brecht
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La résistible ascension d'Arturo Ui
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 11 Septembre 2012
- 9782851817938
Chef minable d'une bande de gangsters du Bronx, Arturo Ui parvient à s'imposer par la terreur comme « protecteur » du trust du chou-fleur à Chicago. Il réduit au silence un politicien corrompu, Hindsborough, fait éliminer par Gori et Gobbola, ses séides, un homme de main à lui, assassine le patron du trust des légumes de Cicero, la ville voisine, et séduit la veuve de celui-ci, quasiment sur le cercueil de la victime. Le résultat est que l'on vote partout pour lui, tant à Cicero qu'à Chicago. D'autres crimes et d'autres conquêtes suivront. Rien n'arrêtera Arturo Ui, hormis les peuples, qui finiront par en avoir raison. « Mais il ne faut pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde. »
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On avait toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu'ils ne puissent pas tomber.
Maintenant nous avons pris courage et nous les laissons en suspens dans l'espace, sans soutien, et ils gagnent le large comme nos bateaux, sans soutien, au grand large. et la terre roule joyeusement autour du soleil, et les poissonnières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.
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Grand-peur et misère du IIIème Reich
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 15 Octobre 2014
- 9782851818447
Sous le nazisme, la peur et la misère affectaient toutes les couches de la société allemande, l'intelligentsia, la bourgeoisie, la classe ouvrière. Il y a certes le courage de la poignée de militants qui, au mépris de tous les dangers, publient une littérature illégale. Mais il y a aussi la capitulation, face à la terreur, d'une trop grande part de l'intelligentsia. C'est ce qu'a voulu montrer Brecht, d'abord à ses compatriotes exilés, autour des années 1938, en écrivant la trentaine de courtes scènes, inspirées de la réalité même, de Grand-peur et misère du IIIe Reich.
La pièce naît en 1934 de la volonté de Brecht et de Margarete Steffin, de rassembler un matériau composé de coupures de presse et de témoignages sur la vie quotidienne en Allemagne sous la dictature hitlérienne. Le titre fait allusion au roman Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, et inscrit donc la pièce dans une lignée de peintures naturalistes de la société allemande de l'avant-guerre, brossant un large tableau allant du monde ouvrier à la magistrature en passant par la petite bourgeoisie.
La création de huit scènes aura lieu en mai 1938 à Paris devant un public essentiellement composé d'émigrés. Certaines scènes seront également publiées dans des revues d'émigrés visant à alerter l'opinion publique sur la réalité de la dictature en Allemagne et signalant le danger d'une guerre imminente. On y voit tour à tour la bourgeoisie, le corps médical, la justice, les enfants, les prisonniers, etc. évoluer face au régime.
Ce n'est cependant qu'après la Seconde Guerre mondiale que la pièce rencontre son succès, car elle montre, comme le disait Brecht lui-même, " la précarité évidente du IIIe Reich, dans toutes ses ramifications, contenue uniquement par la force ".
Aujourd'hui encore, Grand-peur et misère du IIIe Reich résonne comme un avertissement contre toute forme de système absolu et reste l'un des textes clés du vingtième siècle et au-delà. C'est un manifeste qui invite à lutter contre toute forme politique basée sur la discrimination et sur la crainte.
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L'opéra de Quat Sous ; la bosse ; le procès de quat'sous
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 16 Juin 2023
- 9782381980546
L'Arche vous propose des Grands Formats pour traverser une oeuvre dramatique en plusieurs tableaux. Ce volume comprend : une nouvelle traduction de L'Opéradequat'sous, assortie de commentaires de l'auteur, un scénario de cinéma LaBosse(tiré de la pièce et adapté par Pabst), et des écrits théoriques sur le cinéma dans lesquels Brecht dénonce la destruction de son oeuvre par le passage de la pièce au film, qui aurait dû lui aussi « commettre l'attentat contre l'idéologie bourgeoise ».
Directement inspirée de L'Opéradugueuxde John Gay, L'Opéradequat'sousest une comédie musicale, créée en 1928 à Berlin puis en 1933 à Broadway. Elle est publiée en France pour la première fois en 1959 dans les volumes complets à L'Arche. En rupture avec la tradition de l'opérette apolitique du début du 20e siècle, la pièce connaît rapidement un succès retentissant (« la folie des quat'sous ») qui ne fléchira jamais.
La portée politique subversive de la pièce de Brecht, à l'aube du grand krach boursier de 1929, rompt avec les conventions de l'opérette. S'y affrontent Jonathan Jeremiah Peachum, roi des mendiants monnayant la pitié des gens, et Mackie-le-Surineur, figure inspirée par Jack L'Éventreur et des poèmes de François Villon, et sordide criminel. Lorsque celui-ci dérobe l'innocente fille de Peachum pour l'épouser et l'exploiter à ses fins, la guerre des gangs est déclarée. Prostituées, clochards, voleurs et policiers véreux tentent de tirer leur épin le du jeu. Sur la partition originale de Kurt Weill, l'oeuvre connaît dès sa création un immense succès en Europe. -
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Il faut que les reproductions s'effacent devant ce qui a été reproduit, la vie en commun des hommes, et le plaisir procuré par leur perfection doit être porté au plaisir plus élevé de voir traitées comme provisoires et imparfaites les règles mises en évidence dans cette vie en commun. C'est en cela que le théâtre laisse le spectateur productif, par-delà le regard porté sur le spectacle. Dans son théâtre, puisse le spectateur jouir comme d'un divertissement de ses terribles et interminables travaux, qui sont censés lui assurer sa subsistance, ainsi que de l'effroi de son incessante métamorphose. Qu'il s'y produise de la façon la plus légère ; car le mode d'existence le plus léger est dans l'art. » (Brecht)
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La mère selon la chair réclamait l'enfant.
La mère qui l'avait nourri paraissait devant le tribunal. qui tranchera le cas, à qui sera donné l'enfant ? qui sera le juge, un bon, un mauvais ? la ville brûlait. au fauteuil du juge, azdak.
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" j'ai toujours entendu dire : quand on aime, on marche sur un petit nuage, mais ce qui est bon, c'est qu'on marche sur la terre, sur l'asphalte.
Vous savez, le matin, les pâtés de maison ressemblent à de gros tas d'ordures dans lesquels on aurait allumé des lumières, quand le ciel est déjà rose et encore transparent parce qu'il n'y a pas de poussière. vous voulez que je vous dise, vous perdez beaucoup si vous n'êtes pas amoureux et que vous ne voyez pas votre ville à l'heure où elle se lève de son lit, comme un vieil artisan qui, le ventre vide, emplit ses poumons d'air frais et saisit ses outils, ainsi que chantent les poètes.
" le 18 mai 1941, lion feuchtwanger écrit à brecht depuis son exil californien : " j'ai reçu le manuscrit de la bonne ame du se-tchouan. c'est un petit miracle qu'au milieu de cette confusion barbare vous ayez pu réaliser quelque chose d'aussi beau, clair, tranquille et classique. " dans le se-tchouan, une province fort reculée de la chine, trois dieux voyagent. ils recherchent des justes. ils en trouvent une seule : shen té, la prostituée.
Pour la récompenser, ils lui donnent un peu d'argent ; elle quitte son métier, ouvre une boutique de tabac. les ennuis commencent : passer de l'autre côté de la misère, c'est aussi devoir l'affronter. misère physique, sociale. mais aussi misère morale. dans la clairvoyance avec laquelle sont dépeints les habitants du se-tchouan, parle toute la tristesse et la révolte de l'exilé brecht devant l'incapacité des peuples à faire échec aux structures de domination.
Brecht écrit cette pièce pendant que la guerre achève de détruire son pays. on retrouve, transporté en chine, le monde de l'opéra de quat'sous, mais s'y ajoute une tonalité morale, qui n'est pas sans rappeler parfois la flûte enchantée. la fresque épique des aventures de shen té est ponctuée d'appels désespérés à la bonté et d'explosions de colère, devant la médiocrité et la passivité des humains.
à l'heure où les libertés civiles sont de plus en plus menacées, la pièce n'a rien perdu de sa force.
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Antigone face à Créon. Dans la tragédie de Sophocle, le conflit entre le souverain de Thèbes et la fille d'Oedipe mène inévitablement à la destruction. Les deux protagonistes de la famille des Labdacides campent implacablement sur leurs positions. Hegel y voyait l'incarnation du tragique : le défenseur de la raison d'État contre la protectrice de la dignité familiale, deux causes ayant les mêmes droits s'affrontent avec force et se détruisent.
De retour d'exil en 1947, Brecht s'intéresse au sujet, considérant dans un premier temps le drame de Sophocle comme un refus de la tyrannie et une approche de la démocratie. Au cours de son travail, il actualise la pièce : la force inéluctable du destin est effacée et la violence apparaît au premier plan. L'essentiel ici pour Brecht est de montrer la violence qui accompagne le délabrement des plus hautes sphères de l'État.
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La Noce est la plus longue et la plus jouée des pièces en un acte que Brecht écrivit en 1919, à l'âge de vingt-et-un an. Inspiré par les foires de sa ville natale d'Augsbourg et par les fêtes de la bière de Munich, il raconte ici un moment clé de la vie de chacun, le repas de noces.
Créée en 1926 à Francfort, la pièce rencontre un demi-succès mais fait scandale. Dans la deuxième partie des années vingt, probablement dans le contexte d'un projet cinématographique non réalisé, Brecht intitule son manuscrit La Noce chez les petits bourgeois, ce qui en rétrécit un peu le « champ d'application ».
La pièce n'ayant jamais été publiée du vivant de Brecht, les éditeurs allemands ont choisi après sa mort de garder ce titre, correspondant, semble-t-il, à l'image (vraie et fausse) de terreur de la bourgeoisie alors attribuée à l'auteur.
Nous publions ici la version de 1919, que l'on retrouve dans l'édition allemande des oeuvres complètes.
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avant de pouvoir changer le monde, il faut que l'homme change.
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Très tôt déjà on trouve chez Brecht des notes pour cette pièce. Apparemment sous l'effet de la Grande Guerre, Brecht projette un personnage qui, par la force de l'environnement (et des hommes) auxquels il est exposé devient interchangeable et dont l'individualité s'éteint. Il lui donne d'abord le nom de Galgei mais au milieu des années vingt, fortement impressionné par la lecture des Barrack Room Ballads de Rudyard Kipling, Galgei devient le porteur Galy Gay dans les baraquements de Kilkoa dans les Indes. Brecht s'éloigne alors de l'expressionnisme de son temps et de ses appels un peu abstraits à l'"Homme". Au lieu d'un vrai changement du personnage voulu par les expressionnistes et impliquant un mûrissement éthique, Brecht vulgarise la transformation subie par le porteur Galy Gay. Elle devient presque un acte mécanique. A la fin des années 20, devant la montée du national-socialisme proclamé par le parti d'Adolf Hitler, Brecht se voit obligé de modifier la pièce. Il reconnaît que la masse sous l'influence de laquelle Galy Gay se transforme, nécessite une description plus précise. Ainsi se forme pendant les années suivantes une nouvelle version dans laquelle les côtés romantiques et aventureux de la version de 1926 sont refoulés et la transformation du personnage est présentée comme négative. Pour se faire une idée plus concrète des changements que Brecht entreprit, le lecteur trouvera ici deux versions de la pièce, celle de 1926 et celle de 1938. Beaucoup plus tard, en 1953, révisant ses premières pièces, Brecht écrivait : "Le problème de la pièce est la fausse, la mauvaise collectivité (la "bande") et son pouvoir de séduction..."
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Initialement, Brecht a voulu adapter Mesure pour mesure. Mais nous sommes au début des années trente et le danger du fascisme devient de jour en jour plus menaçant. Au cours de son travail, il transforme donc la pièce de Shakespeare en une parabole qui n'est rien d'autre qu'une attaque en règle contre les idées racistes que propageait le parti national-socialiste dirigé par Hitler. Les riches Têtes rondes qui tiennent le pouvoir dans un pays qui s'appelle Yahoo, fraternisent, in fine, avec les riches Têtes pointues pour faire pendre les pauvres des deux races.
Brecht donne comme explication du malheur le capitalisme. Mais serait-il la seule cause des persécutions raciales ? Quoi qu'il en soit, il se pourrait que la pièce soit aujourd'hui mieux entendue et appréciée à sa juste valeur que du vivant de Brecht.
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Le "Journal de Berlin" fait partie des journaux tenus de 1938 à 1955 qui ont paru en 1976 dans une première édition française sous le titre Journal de travail. Ici Bertolt Brecht y relate, jour après jour et pas à pas, son retour en Europe et à Berlin, où il découvre sa ville en ruines.
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Monsieur K. posait les questions suivantes : " Chaque matin mon voisin fait de la musique sur un gramophone. Pourquoi fait-il de la musique ? On me dit parce qu'il fait de la gymnastique. Pourquoi fait-il de la gymnastique ? Parce qu'il a besoin d'être fort, me dit-on. Pour quelle raison a-t-il besoin d'être fort ? Parce qu'il lui faut vaincre ses ennemis dans la ville, dit-il. Pourquoi lui faut-il vaincre des ennemis ? Parce qu'il veut manger, me dit-on. " Après qu'on lui eut dit que son voisin faisait de la musique pour faire de la gymnastique, de la gymnastique pour être fort, voulait être fort pour abattre ses ennemis, abattait ses ennemis pour manger, monsieur K. posa sa question : " Pourquoi mange-t-il ? "
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Dès le soir du 29 février 1933, deux jours après l'incendie du Reichstag et le début du règne dictatorial de Hitler, Bertolt Brecht et sa famille fuirent l'Allemagne. Plusieurs années durant, ils restèrent en Scandinavie. Avec l'avancée des armées allemandes, le danger les poursuivait comme leur ombre. En mai 1941, la famille obtenait des visas pour les Etats-Unis et c'est lors du voyage de Vladivostok à Los Angeles, sur un bateau suédois, que Brecht apprit l'attaque de l'Union soviétique par l'Allemagne.
C'est dans ce contexte que Brecht arrive en Californie et commence son Journal d'Amérique. Celui-ci fait partie des journaux tenus de 1938 à 1955 qui ont paru en 1976 dans une première édition française sous le titre Journal de travail.
Son regard sur l'Amérique montre bien les difficultés des émigrés européens dans le royaume de la fabrication des rêves. Brecht n'y a jamais pris racine mais tout ce qu'il rapporte, observe et scrute nous donne non seulement une image fidèle des émigrés de l'époque mais aussi celle, toujours actuelle, de ce pays des possibilités illimitées. Evidemment il travaille pour Hollywood mais sans grand succès, évidemment il cherche des productions pour ses pièces, mais là encore le succès n'est pas au rendez-vous. Le Journal est donc aussi une sorte d'ersatz. La politique joue dans ses observations un rôle prépondérant. Son regard - impitoyable et analytique - d'une Allemagne (et au-delà d'une Europe) mise en cendres par des forces intérieures et extérieures, porte toujours aujourd'hui.
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L'Exception et la Règle / La Mère / Têtes rondes et têtes pointues / Les Horaces et les Curiaces / Grand-peur etmisère du IIIe Reich
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si je puis me permettre, monsieur le chef, je connais professionnellement le bestiau.
y en a beaucoup qui
le voulaient. il a une tache blanchâtre à l'oreille gauche, c'est bien ça ? il appartient à monsieur le conseil ministériel vojta. c'est la prunelle de ses yeux, une petite bête délicate : il ne bouffe que si on l'implore à genoux et encore. si c'est du veau. c'est la preuve qu'il est pure race. ceux qui ne sont pas pure race sont plus intelligents, et ceux qui sont pure race sont plus distingués, c'est surtout eux qu'on vole.
ils sont tellement dégénérés qu'il leur faut trois domestiques pour leur dire quand il faut chier et ouvrir la gueule pour bouffer. c'est comme ça avec les gens distingués.
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Le théâtre de l'âge scientifique est capable de faire de la dialectique une jouissance. Les surprises que réservent l'évolution logique, progressive ou saccadée, et l'instabilité de tous les états de choses, l'humour des contradictions, ce sont autant de plaisirs que procure la vitalité des hommes, des choses et des processus, et ils rehaussent l'art de vivre en même temps que la joie de vivre. Tous les arts contribuent au plus grand de tous les arts, l'art de vivre.
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