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Jean de La Bruyère
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« Champagne, au sortir d'un long dîner qui lui enfle l'estomac, et dans les douces fumées d'un vin d'Avenay ou de Sillery, signe un ordre qu'on lui présente, qui ôterait le pain à toute une province si l'on n'y remédiait. Il est excusable : quel moyen de comprendre, dans la première heure de la digestion, qu'on puisse quelque part mourir de faim ? »
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L'insoutenable productivité du travail
Mireille Bruyere
- Le Bord de l'eau
- L'economie Encastree
- 19 Avril 2018
- 9782356875730
Ne sommes nous pas devenus trop efficaces ? N'avons nous pas dépassé la limite du raisonnable quant à notre capacité à produire, quant à notre productivité ? Une productivité désirée non seulement par les chantres du néolibéralisme, mais aussi par la grande majorité des courants critiques du capitalisme. La critique de la croissance déjà ancienne désigne notre désir infini pour la consommation comme source de notre aliénation et de l'impasse écologique dans laquelle nous avons précipité la planète. Mais, ce désir de consommation infini n'est-il pas l'autre face de notre désir d'efficacité infinie ? De notre désir de maîtrise infinie ? Ne faut-il pas aussi s'interroger sur notre efficacité productive et sur les niveaux de productivité que nos économies ont atteints aujourd'hui ?
La critique du capitalisme et de l'économie néolibérale s'appuie souvent sur la possibilité de faire une autre économie plus solidaire et écologique sans remettre en question le lien sacré entre la nécessaire productivité du travail et l'émancipation humaine vis-à-vis de la Nature. La productivité du travail est alors notre promesse d'infinité et d'abondance, notre mythe occidental et l'économie en est la science.
Les débats économiques et politiques se cantonnent sur la répartition des fruits de cette efficacité productive (dividendes, salaires, revenu universel, protection sociale).
Mais le problème n'est-il pas l'économie en tant que discours d'efficacité et de productivité ? Ce livre se propose de montrer que l'aliénation actuelle n'est pas seulement la mauvaise répartition des richesses, mais l'injonction toujours renouvelée à la productivité du travail.
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Nous venons de Dakar, Sénégal, où nous nous préoccupons de l'errance des enfants, de l'errance de quelque 3000 enfants laissés à survivre dans les rues de Dakar, définitivement livrés à eux-mêmes.
La plupart d'entre eux sont issus des villes improvisées qui, dans les dernières décennies, n'ont pas cessé d'étendre leurs constructions précaires tout autour de la capitale. Les mauvais traitements, la violence, l'alcoolisme souvent, l'inceste quelquefois, déclenchent la fuite des enfants loin des cercles familiaux, mais la dégradation affective et morale des familles est elle-même directement conséquente de l'extrême pauvreté qui gangrène les ghettos de l'immigration rurale.
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La meute d'Actéon, par son festin magistral, se trouva, un jour vers midi, libérée de domestication. Mais, ayant ingéré un corps métamorphosé, celui de l'homme-en-cerf, elle en subit aussi le charme et se transforma à son tour. Elle alla, elle et au contraire exact du maître dévoré, de la bête lentement vers l'humain, sans jamais y parvenir tout à fait. En quelques générations, par un crime, dont, rapidement, ils ignorèrent la faute autant que la magie, les
descendants de chiens d'Actéon devinrent à la fois sauvages et "comme" humains. Ils passèrent de l'état de meute ordonnée et fidèle à celui d'une bande sans nom ni loi, puis, de la bande, évoluèrent en communauté nomade et maudite. Ils constituent désormais un peuple humano-cynique, resté séparé des autres peuples. Voyageurs inlassables, oisifs, errants, clandestins, ils se son t répandus et cachés à travers le monde, où ils représentent, mais sans le savoir, la seule alternative restant à l'humanité dont l'épuisement, commencé avec la révélation à Actéon de la pleine et triste matérialité d'un cul divin,
bientôt s'achèvera.