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Robert Walser
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Nul besoin de partir à l'autre bout du monde pour vivre des choses étonnantes, il suffit d'observer attentivement le monde pour déceler des mystères sous la banalité. Un voyage en tramway, une escapade à la campagne, un hall de gare ou une rêverie dans les rues de Berlin : Robert Walser, flâneur d'exception, nous emmène dans un univers poétique et nostalgique, à la lisière du merveilleux. Chacun de ces 25 textes, parus en feuilletons entre 1899 et 1920, possède une grâce particulière, dévoilant la profondeur des choses qui se cache «à la surface».
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«Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant, et nous autres, garçons de l'Institut Benjamenta, nous n'arriverons à rien, c'est-à-dire que nous serons plus tard des gens très humbles et subalternes.» Dès la première phrase, le ton est donné.Jacob von Gunten a quitté sa famille pour entrer de son plein gré dans ce pensionnat où l'on n'apprend qu'une chose : obéir sans discuter. C'est une discipline du corps et de l'âme qui lui procure de curieux plaisirs : être réduit à zéro tout en enfreignant le sacro-saint règlement.Jacob décrit ses condisciples, sort en ville, observe le directeur autoritaire, brutal, et sa soeur Lise, la douceur même. Tout ce qu'il voit nourrit ses réflexions et ses rêveries, tandis que l'Institut Benjamenta perd lentement les qualités qui faisaient son renom et s'achemine vers le drame.«L'expérience réelle et la fantasmagorie sont ici dans un rapport poétique qui fait invinciblement penser à Kafka, dont on peut dire qu'il n'eût pas été tout à fait lui-même si Walser ne l'eût précédé», écrit Marthe Robert dans sa très belle préface où elle range l'écrivain, à juste titre, parmi les plus grands.
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«Kleist, Goethe, Holderlin, Don Juan, Hamlet, Van Gogh, Cézanne, ou tels protagonistes d'un opéra de Mozart. Toutes ces figures, énigmatiques ou complexes, Robert Walser les évoque, dans des proses courtes, poétiques, légères, graves, à sa manière inimitable, tour à tour pénétrante et allusive. Le voici désormais pourvu de toutes ces identités, successives ou simultanées. Mais les autres ou lui-même, quelle différence? Et pourquoi ne pas regarder sa propre personne comme s'il s'agissait d'une quelconque créature mythique? Promenade et écriture, ici, sont la même démarche entre les lignes et les chaussées incertaines de la vie. Une démarche, on le sait, étonnamment illusoire.»Jean-Claude Schneider.