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Sarah Kane
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Empreinte de poésie convulsive et de désespoir clinique, 4.48
psychose est une oeuvre de mort annoncée. Une personne sans
identité, déjà morte au monde, internée dans un hôpital où elle
assiste à la destruction progressive de ses facultés, y adresse sa
prière, entre rage et catalepsie. Elle lutte pour dire son aversion
pour ce monde de mensonges, sa déchirure intérieure, sa fêlure
profonde dans un lumineux élan de vie et de vérité.
Le texte est suivi de Skin, un inédit sur le racisme et la violence,
écrit par Sarah Kane et réalisé par Vincent O'Connell en 1995.
Embrassez la beauté des mensonges
la folie chronique de ceux qui ne sont pas fous
Souviens-toi de la lumière et crois en la lumière.
Rien n'est plus important.
Prends garde aux apparences et sois droit dans ton jugement.
Tout va bien. Ça va finir par aller mieux.
la déchirure commence
En 2001, L'Arche publiait 4.48 Psychose, texte posthume de
Sarah Kane. 23 ans plus tard, une nouvelle traduction de cette
pierre angulaire du catalogue semblait nécessaire : Vanasay
Khamphommala signe ici une traduction historique en
totale pertinence avec le texte de Kane qui décloisonne les
imaginaires de genre et les érotismes, en utilisant une police
inclusive : BBB Baskervvol du collectif Bye Bye Binary. -
Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
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L'Amour de Phèdre semble occuper une position singulière parmi les pièces de Sarah Kane et il est de fait très rare qu'un auteur anglais adapte une pièce classique. Indépendamment du fait que l'impulsion pour le projet venait du Gate Theatre - Sarah Kane avait d'abord pensé à Woyzeck et Baal, deux idées auxquelles elle n'a pas donné suite pour des raisons pratiques -, elle s'est finalement décidée à reprendre Phèdre de Sénèque, l'histoire d'une reine qui tombe désespérément amoureuse de son beau-fils. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'adaptation s'intègre parfaitement dans l'univers de l'auteur : réapparaissent notamment la dissection d'une émotivité masculine malsaine et nihiliste, tout comme la question de Dieu et les conséquences de la violence.
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En 1995, Sarah Kane écrit Anéantis (Blasted) qui est aussitôt créé au Royal Court Theatre de Londres. Presque trente ans après Sauvés d'Edward Bond, créé dans le même théâtre, la presse britannique se déchaîne : sale, alarmant, dangereux. Mais l'auteur et sa pièce accèdent immédiatement à la célébrité.
L'histoire de Ian et Cate dans un hôtel de luxe à Leeds est l'histoire d'un amour impossible. C'est aussi l'histoire d'une aliénation profonde entre les légionnaires de la guerre civile et la population qu'ils sont susceptibles de conquérir.
Ce qui fait la gloire des dramaturges, c'est la forme qu'ils savent donner à leurs sujets. Et l'écriture de Sarah Kane est scénique, c'est-à-dire à trois dimensions. Dialogue et action s'enchevêtrent, se complètent et s'enrichissent mutuellement pour donner à l'ensemble une nouvelle profondeur de champ.
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La matérialisation de son univers poétique soulève la même question que les premières pièces de Kane. « Les rats emportent les pieds de Carl » - comment est-il possible de porter à la scène une telle didascalie ? Sarah Kane croyait passionnément qu'il est possible de représenter ce qui est imaginable. Aussi a-t-elle repoussé les frontières d'un théâtre (anglais) souvent confiné dans son naturalisme et a exigé des metteurs en scène des solutions nouvelles et courageuses.