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Valère Novarina
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"Pacoter : marcher dans le pacot (sorte de boue), patiauquer :
Marcher dans la patiauque (autre sorte de boue, un peu plus gluante)...
Le pacot et la patiauque sont à distinguer du diot, boue argileuse, de la ouafe, boue de neige fondue." Valère Novarina travaille les langues qui l'habitent, les met en scène, les compare, les déploie dans leurs contextes, leurs parentés, leurs timbres, leurs souffles, leurs accents, leurs rythmes. Dans Une langue inconnue, le patois savoyard avec toutes ses nuances et le hongrois chantant pour Valère enfant sont des langues en mouvement.
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Ce livre est la réédition de celui publié en 1989. Il regroupe une série de textes parus en revue ou en volume ou à l'époque inédits, dans lesquels Valère Novarina expose ses conceptions sur le théâtre, les acteurs, la littérature. Conceptions peu conformistes, on s'en doute, essentiellement axées sur la libération des forces vitales et créatrices de l'écrivain comme de l'acteur.
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«Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. À la fin, nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole.»
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L'un des dramaturges les plus représentés en France, aujourd'hui, est sans doute celui qui bouleverse le plus radicalement les certitudes théâtrales, se jouant des règles comme du caractère des personnages ou de la conduite de l'intrigue. C'est que son projet est autre : pour lui, la scène où tout naît et s'accomplit appartient au langage lui-même. En cela son aventure s'apparente à celle de la poésie, puisque son écriture, où qu'elle se donne à entendre, affronte et régénère la matière verbale, multiplie les questionnements, piège les stéréotypes, pratique, non pas le dérèglement de tous les sens, mais la mise en déroute du sens commun, de l'habitude dont les mots, les phrases et les discours sont lestés. «Le drame de la vie», c'est celui d'Adam et de tous les hommes engendrés à sa suite qui se demandent : «D'où vient qu'on parle ?» Valère Novarina répond par une suite ininterrompue de vertiges, d'échos qui, de proche en proche, prolifèrent, se changeant en rumeur de vocables et de signes, livrent des énumérations sans fin, comme si la survie même du genre humain tenait à cette prolifération en perpétuelle expansion. L'apparente gravité du sujet, les énigmes et les abîmes soudain dévoilés se défient pourtant de toute grandiloquence. Pour être irrémédiable, le drame de la vie n'en est pas moins cocasse. Et le chaos, pour être lui aussi structuré comme un langage, peut être décidément joyeux.
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Le théâtre est l'autre lieu. L'espace s'y appelle autrement : à droite la cour, devant la face, à gauche le jardin, au fond le lointain, au ciel les cintres, sous le plateau les dessous. Au singulier, «les dessous» deviennent le dessous, l'inférieur - qui, remis au pluriel, ouvre les enfers... Qui est dessous ? En dessous de tout ? - Le langage, le verbe, la parole. - Qui est descendu aux Enfers ? - Orphée, Mahomet, Dante, le Christ. Qui soutient tout, nous constitue, nous structure, nous porte ? nous supporte ? nous sous-tend ? Quel est notre sous-sol ? - Notre langue. C'est sur elle que toute la construction humaine repose. C'est par elle que nous avons été (légèrement, fragilement¿ !) séparés des animaux. Nous sommes des animaux qui ne s'attendaient pas à avoir la parole.
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à la tradition et sa verve de parolier a un air " belle époque " à s'y tromper : calembredaines et gaillardises se bousculent dans ses vers de mirliton. Exercice d'école, L'Opérette imaginair recense, pour les moquer, tous les trucs de la composition dramatique ; elle fait aussi la part la plus belle aux comédiens pour des performances à couper le souffle.
Du coup, on n'y reconnaîtrait pas le Novarina du Drame de la vie et de L'Acte inconnu si l'un des personnages ne se nommait Le Mortel, qui parle souvent d'outre-tombe. Opérette imaginaire ? Opérette à surprise, plutôt.
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«J'écris ce que je ne pense pas encore. Ne plus être le maître du livre, celui qui en détiendrait le sens, ne plus être le guide du lecteur mais celui qui fait le voyage avec lui. Un qui a été doué d'ignorance et qui voudrait l'offrir à ceux qui en savent trop. Un qui lui bande les yeux, un porteur d'ombre, un montreur d'ombre pour ceux qui trouvent la scène trop éclairée ; quelqu'un qui a reçu quelque chose en moins... L'espace, par exemple...»
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Adramélech, à travers son monologue, vient raconter sa vie. La vie de celui à qui on ne donne pas la parole, tandis que les classes dangereuses babillent. Une vie universelle. C'est l'ouvrier, le petit, le sans-grade qui déblatère jusqu'à plus d'air pour témoigner de sa condition. C'est un bonhomme venu nous dire ses colères, ses peines, ses joies, ses questions, ses doutes et ses inquiétudes. Il est l'ambassadeur d'un monde muet ou muselé, et tout à coup, par trop plein d'air, il craque et dit tout, d'une traite, pour se taire à la fin, vidé, essoufflé...
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Cette nouvelle pièce de Valère Novarina sera créée au Cloître des Carmes, au Festival d'Avignon, le 5 juillet 2015.
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«Purgatorius ceratops, plesiadapis tricuspidens parapithecus grangeri , ælopithecus chirobates, ouranopithecus macedoniensis...» LA FEMME DU SEPARACIDE essaye de mettre en ordre les ancêtres de l'homme ; puis elle accouche. JEAN TERRIER lui déclare son amour en algèbre. LE BONHOMME NIHIL essaye de se souvenir d'une dictée qui commençait par : «L' autel était à Jérusalem mais le sang de la victime baigna l'univers.» En pleine nuit, L'HOMME EN MATIERE VIDE peint des anthropoglyphes sur le sol du théâtre, jette sommairement des figures, des organes, du schéma humain : ses personnages entrent vivent et le tuent. Ce sont 8 pantins qui s'insoumettent à l'image humaine, prient les écriteaux et parfois font l'animal. Ils cherchent au sol, n'ont qu'une passion : s'interroger sur leur pantinitude, veulent voir simultanément leur animal et leur pensée - et le langage matériellement sortir de leurs bouches, filer dans l'air en ruban. Quatre fois la scène est traversée à l'improviste par la MACHINE A DIRE VOICI... JEAN CHRONODULE carillonne LES HOMMES D'HECATOMBE passent en courant. UN HOMME PAR LA FENETRE se demande tout haut si ce n'est pas le langage qui est acteur. Ce qu' il résume à lui-même en deux mots : le sujet est-il agi par le verbe ? la parole est-elle notre sang ?... Il martèle : l'histoire n'est faite ni par les individus, ni par les masses, ni par Geist, ni par Klassenkampf mais par le langage. Puis il se jette par la fenêtre.
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Confronté au problème de l'adaptation théâtrale de certains de ses livres non directement écrits pour le théâtre, comme Le Discours aux animaux, ou difficiles à monter, comme Le Drame de la vie, et pour éviter des interventions extérieures hasardeuses, Valère Novarina a décidé de proposer lui-même aux éventuels metteurs en scène des adaptations en quelque sorte «clé en mains». Le Repas est une adaptation pour la scène des première pages de La Chair de l'homme.
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L'Acte inconnu est un archipel d'actes contradictoires : acte forain, prologue sous terre, cascades de duos, accidents de cirque, spirales, rébus. Autant de figures, d'attractions, comme autant de mouvements d'un ballet... « L'Ordre rythmique », « Comédie circulaire », « Le Rocher d'ombre », « Pastorale égarée » : quatre mouvements renaissent l'un de l'autre et sont jetés aux points cardinaux.
Entrent et tournent : Le Bonhomme Nihil, Le Coureur de Hop, Jean qui corde, Raymond de la matière, L'Ouvrier du drame, La Machine à dire beaucoup, Le Chantre, La Dame de pique, L'Homme nu, La Femme spirale, Le Déséquilibriste, L'Esprit, Autrui.
On déplace le socle du monde : la scène est divisée en deux, en quatre... Tout passe de cour à jardin, dans le tournoiement du magnétisme animal. Entre les actes, le Bonhomme Nihil glisse des prières dans le mur humain. Au-dehors le monde court à son renouveau.
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Ensemble - plus que recueil- de 9 textes, "La quatrième personne du singulier" fait partie de ces livres "théoriques" (mais tout aussi lyriques que théoriques) grâce auxquels Valère Novarina fait régulièrement le point sur son travail.
Ici, les thèmes sont identiques à ceux des précédents ouvrages du même type ("Le théâtre des paroles", "Lumières du corps", "L'Envers de l'esprit"). Peut-être y est-il un peu plus emporté, flamboyant, qu'il s'agisse de parler de la langue (et singulièrement du patois, dans l'extraordinaire texte d'ouverture), du théâtre toujours, de l'acteur, du sacré. "Le théâtre peut opérer au fond de nous la rare division mentale : il nous ouvre, par une suite de joies libres, par scènes déchaînées et par un soudain chemin plus court ce qui était grammaticalement interdit dans toutes les langues : la quatrième personne du singulier.
Je tu il et moi toi lui tournent en ronde infernale s'ils ne s'ouvrent à la quatrième personne du singulier. moteur invisible, délivreur du drame pronominal : comme dans le Livre de Daniel, les trois Hébreux dans la fournaise : un quatrième est avec eux."
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D'après Henri IV de Shakespeare
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La première partie de ce nouveau livre est haïtienne. C'est elle qui donne son titre à l'ensemble. Il y est question en effet d'Haïti où Valère Novarina a effectué deux séjours pour préparer et jouer sa mise en scène de L'Acte inconnu (P.O.L 2007). Il y est aussi question du travail avec les acteurs, de théâtre et de peinture, de l'accord profond qui s'est produit lors des répétitions et du travail plastique. C'est un texte joyeux.
La deuxième partie du livre, son deuxième acte, s'intitule Vue négative ou Voie négative (le choix n'est pas encore fait). Il aurait pu tout aussi bien s'intituler Variations sur une idée fixe. Cette idée de plus en plus ferme chez Valère Nova- rina que 'l'esprit respire'. Et s'il respire, c'est parce qu'il renverse, parce qu'il passe par ce que l'auteur appelle le niement (quelque chose comme une négation positive, dialectique).
Le lien entre la pensé et la respiration, Valère Novarina le ressent très concrètement. Pour lui, il saute aux yeux, lorsque l'on regarde de près travailler les acteurs, la respiration animale préfigure la pensée, l'annonce.
Cette partie du livre revient donc sur une idée éparse, disséminée dans presque tout ce que l'auteur a écrit, mais elle l'exprime peut-être plus nettement, avec plus de force, et avec d'autres exemples. Exemples tirés de la pratique de l'écriture, mais aussi de la pratique de la peinture. Valère Novarina aime à se définir comme écrivain pratiquant. (Prati- quant écriture, peinture, mise en scène... ) La troisième partie s'intitule Désoubli. C'est un texte qui parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues, la langue maternelle bien sûr, mais aussi d'autres langues, insolites, secrètes, apparemment mortes, vivant toujours au fond de nous... Valère Novarina tourne ici autour de l'idée que le langage est un fluide, une onde, une ondu- lation, un geste dans l'air, une eau...Chaque « parlant » porte en lui un peu de la mémoire de toutes les langues.
La quatrième et dernière partie du livre, Entrée perpétuelle est une métamorphose, un déguisement, une autre version, en tout cas un regard nouveau sur la mystérieuse machinerie organique du Vivier des noms (P.O.L 2015). C'est une réduction - ou plutôt un précipité du livre (au sens chimique) - une nouvelle entrée, sous sa forme active, agissante. Sa version nouvelle pour la scène.
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«Boucan animal, concert des tuyaux. Bal, poussée des chars, tout le monde qui roule, monte au poteau. À ceux qui creusent, qui poussent sans fin, brandissent l'outil, Bouche et Oreille répètent toujours : le babil des classes dangereuses, faut qu'il cesse ! Au repas les paroles ! Au concert les museaux ! Muséum des nourritures, des maladies dans la parole et des repas des animaux. Antipodistes et hommes-canons, record des morts et course en trou. Entrée du défilé par la sortie. Gendrée du perpétuel des morts, dialogue des matières, musée des mixtures. Chute de l'épisode de reproduction en cours. Encore pire ! Au moteur métronomique ! À la machine à réciter la suite ! Allegro perpétuel. Les langues luttent dans les postures. Bouche et Oreille reviennent toujours, faire le refrain, remettre au pas, conduire au point et asphyxier. Chaîne de résurrection. À reculons, dans la représentation continue, le numéro le plus difficile du monde, des mots horribles, sonoribus, l'homme portant rythmus, le coeur son métronon.»
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Nourri des récentes expériences d'écriture et de mise en scène de Valère Novarina (L'Origine rouge, La Scène) ce texte poursuit un travail de réflexion sur l'espace, l'acteur, l'écriture, la force de la parole, les pouvoirs du langage... Il prolonge, peut-être même achève, le chantier ouvert par Le Théâtre des paroles, et Devant la parole.
Lumières du corps c'est huit mouvements plus que huit parties. Le livre ne fonctionne pas du tout comme un recueil mais comme une fugue, un jeu de contrepoints où des thèmes simples font retour, reviennent autrement, sont repris avec variations, inversés, décomposés comme en optique. Dans Lumières du corps les mots sont des personnages et la pensée un drame respiratoire sur la page. Et, on l'a compris, si Lumières du corps est bien un essai qui développe des thèses et argumente, c'est aussi un essai lyrique, bien à la manière de Valère Novarina, emporté, poétique, enthousiaste et enthousiasmant.
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Huit employés, tellement privés d'identité qu'ils sont appelés dans la pièce par les lettres de l'alphabet, vivent sous la parfaite domination des époux Boucot. Les patrons sont obsédés par la peur d'une révolte des travailleurs et élaborent divers stratagèmes pour contrôler tous les aspects de leur vie, et principalement le langage. L'Atelier volant est la première pièce de Valère Novarina. Elle a été écrite de février 1968 à novembre 1970 et publiée dan le n° 5 de Travail Théâtral. Elle a été créée en 1974, à Suresnes, dans une mise en scène de Jean-Pierre Sarrazac.
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L'Animal du temps et L'inquiétude sont la réécriture, ou plus exactement l'écriture en deux parties, pour la scène, et pour un acteur, du Discours aux animaux.
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Valère Novarina transforme l'écriture théâtrale, il la pousse dans ses derniers retranchements, dans ses nouveaux territoires où naissent et s'épanouissent de nouvelles formes. La Chair de l'homme est un texte constitué de dialogues et de monologues alternés, amples, puissants, spectaculaires. Des multitudes de «personnages», ou une «voix», épuisent la langue, son passé, son présent, son futur : son «histoire». Ce sont des déclamations, des éructations, des étonnements, des colères, des fureurs, des angoisses totales, de la misère, une incroyable richesse de mots, d'images, de sons. Tout cela pour dire la solitude de l'homme, sa bestialité tout autant que son esprit captif, sa pesanteur tout autant que sa gloire, sa grandeur, sa finitude, la viande et l'âme.
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L'Équilibre de la Croix, tout comme Le Repas et L'Avant-dernier des hommes, est issu d'un moment de La Chair de l'homme. Ainsi quand il écrit des textes qui ne sont pas directement destinés au théâtre et, aussi, des textes dont la matière est si riche qu'elle peut se décliner à l'infini, Valère Novarina en écrit-il lui même la version scénique. Pour éviter, sans doute, des erreurs d'interprétation. Et très évidemment pour pousser plus loin sa recherche, sa réflexion, son engagement dramatique et littéraire.
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Observez les logaèdres ! (le vrai sang, version pour la scène et autres textes)
Valère Novarina
- P.O.L.
- Poesie
- 13 Mai 2014
- 9782818020852
Les logaèdres sont les mots, mais non-alphabétisés, non domestiqués et alignés et au repos, comme dans le dictionnaire... Les logaèdres sont plutôt les mots volants de Valère Novarina. Les mots, ici, sont un peu considérés comme des oiseaux mathématiques : le logaèdre semble de la famille du gypaète et proche du logarithme... Les mots comme des corps physiques - (de la famille des polyèdres) - reposant sur une base (très instable !) ou utilisés librement comme les projectiles qu'on a sous la main. Jusqu'ici Valère Novarina avait toujours séparé ses mots écrits en deux groupes : ceux qui devaient apparaître prononcés sur la scène (ou dans le théâtre mental de la lecture) - et d'autre part, en face, les mots de la réflexion, ou plutôt de la «rumination théorique» : interrogation perpétuelle, lancinante, sur la langage, l'espace, le langage, l'espace, le langage... réponse jamais donnée à l'Adamique interrogation : - D'où vient qu'on parle ? que la viande s'exprime ? Avec Observez les logaèdres !, point de frontière entre l'écriture fictive (la fiction étant de faire semblant d'être un être humain) et la pensée, ou théorie, ou réflexion ! Le mot logaèdre tient TOUT à la même distance de l'observateur qui ne se rendra pas compte s'il a affaire à de la fiction pensante ou à de la poésie didactique. Ce livre tourne autour cette interrogation, et même ; il s'y enferre : en quoi la littérature diffère-t-elle de la musique - en quoi le raisonnement est-il un rythme ? Sommes-nous des animaux musiciens ?
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«Gens du réel, cessez de vous prendre pour des agents de la réalité !» Un homme entre, déroule une cosmogonie de mots qui convoque les brins d'herbe et les supermarchés, les chiffres de hasard et les jeux d'enfant, les pierres et les bêtes, la mort et l'étonnement de naître, de vivre et donc de parler. Un Chanteur en Perdition enchaîne comptines «comptant pour rien», explore l'antimonde, rivalise en paroles avec L'Ouvrier du Drame, sorte de maître de la créature parlante. Spectacle forain, drôle et terrifiant, de la parole telle qu'elle se déroule chaque jour. L'Homme hors de lui reprend la mise en abîme vertigineuse du travail et de la destinée de l'acteur dans la langue et sur la scène absurde, désordonnée du monde. Valère Novarina a décidé de publier ce drame au milieu d'une petite forêt de noms, en partie dérivée d'un «Nominaire» en constitution, pour créer un îlot théâtral cerné par le flot des noms.
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«Le modèle secret est peut-être Faust - non celui de Goethe - mais un Faust forain vu enfant à Thonon dans les années cinquante, joué entre deux airs de Bourvil par Gugusse, le célèbre clown de la Loterie Pierrot. Faust-Gugusse prétendait que toute notre vie avait lieu en temps de carnaval, puisque le finale en était un adieu à la chair ; Mme Albertine, sa comparse dans le public, lui lançait, en trois mots, de prendre ça comme un don, une offrande : et elle lui proposait toutes les quatre minutes de jouer sa vie aux dés... J'essaye de reconstituer l'ordre des scènes de cette pièce vue enfant ... Le Vrai sang est un drame forain, un théâtre de carnaval, en ce sens que les acteurs, d'un même mouvement... incarnent et quittent la chair, sortent d'homme, deviennent des figures qui passent sur les murs, des traces peintes d'animaux, des empreintes, des signaux humains épars, lancés, disséminés : des anthropoglyphes.» Valère Novarina.