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Macula
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science de l'interprétation des figures représentées, l'iconographie se réduit trop souvent à une manière de philatélie honnête et scrupuleuse qui clôt l'image sur elle-même et la dévitalise.
l'objectif de meyer schapiro dans " les mots et les images " est de rendre à la description iconographique sa complexité, son ampleur. l'oeuvre n'est plus la transposition figurée d'un " texte-source " dont l'artiste aurait suivi pas à pas les indications, les consignes. l'image ne restitue pas la narration, elle l'interprète : soit que l'artiste supplée aux lacunes du récit par une profusion de détails inventés ; soit que la même image, une gravure par exemple, illustre dans un ouvrage deux faits distincts et donne du même coup à chacun un sens second ; soit que l'image, épousant les traits distinctifs d'un épisode ancien (moïse aux bras tendus pendant une bataille, isaac sacrifié), fasse de celui-ci la préfiguration, l'anticipation d'une scène chrétienne (la crucifixion, la montée au calvaire).
pour schapiro, comme l'explique hubert damisch dans sa préface, il n'y a d'image qu'inscrite dans un réseau d'autres images. au moyen age, et peut-être jusqu'à nos jours (voyez picasso et matisse, pollock et newman), tout tableau est pris dans un système d'oppositions, dans une polarité, un couplage, toute image est polémique, elle se nourrit d'antagonismes religieux, culturels, politiques, sexuels, formels.
nature agonistique de l'image qui ne prend sens que de ce qu'elle conteste, dévoie, pervertit, censure. sens toujours différé qui ne s'éclaire qu'à considérer en miroir l'image antagonique. voici l'artiste en position de joueur d'échecs, de stratège - et schapiro de nous montrer la longue lutte qui opposa au coup par coup, de siècle en siècle, juifs et chrétiens dans la figuration de tel ou tel épisode sacré.
un second texte, inédit, " l'écrit dans l'image ", examine, de l'antiquité grecque à l'art moderne, l'intrusion paradoxale des mots dans l'oeuvre peinte. mots à l'envers, mots tournés vers dieu, vers le spectateur, vers le personnage figuré, blocs de texte indépendants de leur cadre livresque, signatures en perspective, rouleaux vierges d'inscription pour signifier l'échange verbal - autant d'observations pénétrantes rassemblées par schapiro au long d'une vie tout entière vouée à la pensée visuelle.
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L'enluminure tient tout ensemble de l'expérience visuelle et de la quête spirituelle.
Elle a trouvé en Otto Pächt un analyste incomparable. Dans ce livre, qui concentre quarante années de recherches, l'auteur commence par affirmer le caractère autonome de l'enluminure - forme majeure de l'histoire de l'art, tout comme la peinture de chevalet ou la fresque. L'enluminure n'est pas «une grande peinture à échelle réduite» ; elle relève du grand art.
Examinant méthodiquement les deux cent quarante-deux illustrations - pour la plupart peu connues - reproduites dans l'ouvrage, Otto Pächt montre comment les représentations du monde extérieur, les signes sacrés (monogrammes, symboles), la configuration des lettres (jambages, hampes, panses, ligatures) et les constituants picturaux (surface, bordure, couleur, texture) se conjuguent dans l'espace du livre - lequel est à la fois réceptacle de la Parole et lieu de l'émotion du fidèle.
Pour Otto Pächt, l'image médiévale ressortit à la «pensée visuelle» : au-delà de son message narratif, elle pense par elle-même, elle fait sens par sa structure, ses tensions, ses apories, ses transgressions. En quoi elle interroge le statut de l'image en général, fût-ce l'image moderne.
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Les origines de l'esthétique médiévale
André Grabar
- Macula
- La Litterature Artistique
- 1 Novembre 1992
- 9782865890392
L'élongation des membres, la frontalisation des volumes, l'effacement du modelé, l'hiératisme des poses, le décharnement des figures, la recherche du type et du signe - autant de traits de l'art byzantin dont le grand historien andré grabar repère la source dans les courants néo-platoniciens du iiie siècle après j.
-c. il montre au travail dans l'image une conception spiritualisée de la matière. l'artiste doit - par des moyens purement esthétiques - conduire le spectateur :
- à se détacher du sensible ;
- à " ouvrir les yeux de l'esprit " ;
- à contempler le divin dans les choses.
Le texte sur " plotin et les origines de l'esthétique médiévale " (1945) - célèbre et depuis longtemps introuvable - est complété par une conférence de 1948 sur " la représentation de l'intelligible dans l'art byzantin médiéval ", et précédé d'une mise au point plus générale sur les rapports constants et problématiques du moyen âge et de l'antiquité païenne.
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Ut pictura poesis : la formule d'horace ("la poésie est comme la peinture") a été paradoxalement inversée par les hommes de la renaissance et de l'age classique.
Pendant trois siècles, de léonard à reynolds, la peinture s'est flattée d'être "comme la poésie" : subordonnée à la littérature, dont elle a tiré ses sources d'inspiration et sa raison d'être.
Cette rencontre se défait au dix-huitième siècle : - affirmation d'un réalisme qui entend puiser ses thèmes directement dans la nature ; -théories du génie et du sublime qui autorisent les excès de l'expression individuelle ; - travail des philosophes qui, tel lessing (1766), veulent dégager la spécificité de chaque pratique artistique ; - autonomie croissante des constituants picturaux : couleur, texture, surface, etc.
Pour nous conter l'histoire de cette transformation, l'auteur procède par rapprochements, citations, références ; il explicite tour à tour la théorie de l'art en italie (de dolce à bellori), la doctrine de l'académie et de ses adversaires (félibien, de piles, du bos), enfin les débats en angleterre autour du magistère de reynolds à l'aube du romantisme.
Etude célèbre publiée pour la première fois en français, l'ut pictura poesis de lee a été actualisé par nos soins et doté d'une bibliographie moderne.