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Corti
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« Je ne crois pas nécessaire de camper ici un portrait de Bachelard. Toute la presse s'en est chargée dans la dernière année de sa vie. Elle n'a rien laissé ignorer de cet homme trapu, râblé et d'une corpulence tout à fait 1900. (.). Tout le monde sait maintenant qu'il avait le visage même du philosophe, tel du moins que le rêve l'imagination populaire. On en a admiré la chevelure romantique et la barbe peu soucieuse du ciseau. Ses familiers, ses étudiants savent seuls qu'il avait l'accueil jovial, la parole vive et que son rire était toujours prêt à fuser aux bons mots - et même aux calembours, à ceux des autres comme aux siens - que la conversation faisait jaillir. Bachelard forçait la sympathie dès l'abord : il n'est pas si commun de voir un grand esprit sous l'apparence d'un homme simple et comme ordinaire. Il avait conquis la mienne dès notre première rencontre, un an après la publication de son Lautréamont. Je veux dire ici ma reconnaissance à Albert Béguin... C'est à lui que je suis redevable d'être l'éditeur de Bachelard ; de Bachelard de qui les quatre livres majeurs qu'il m'a donnés ont été la semence d'où est née la critique nouvelle. » - José Corti, Souvenirs désordonnés.
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Emily dickinson a vingt-huit ans lorsqu'elle décide de s'adonner entièrement - sinon publiquement - à sa vocation de poète apparue pendant son adolescence, si l'on en croit les lettres écrites huit ans plus tôt à ses amies.
à l'une en particulier, elle parle de son attirance pour ce qu'elle ne nomme pas mais perçoit d'emblée comme une force rivale de la religion, la poésie : " j'ai osé accomplir des choses étranges - des choses hardies, sans demander l'avis de personne - j'ai écouté de beaux tentateurs... ". qui est cette jeune femme mystérieusement préparée à un rôle auquel elle sacrifie bientôt la normalité de l'existence, vivant de plus en plus retranchée de la société, consacrant tout le temps que lui laisse sa participation aux tâches familiales - celles d'une grande maisonnée bourgeoise - à délivrer le chant qui l'habite ? qui considérera de plus en plus la poésie comme le seul instrument de salut, la seule arme pour lutter contre les tourments et la finitude de la vie, le seul espoir sûr d'éternité face à celui, beaucoup plus hypothétique à ses yeux, de l'au-delà ? sont rassemblés ici des poèmes, de jeunesse comme de la maturité, qui complètent parfaitement l'autre ensemble poétique majeur : une âme en incandescence.
Il y a toujours chez emily dickinson, à quelque période que ce soit, des fulgurances, des poèmes se détachant brusquement des autres, des pics vertigineux parmi des montagnes plus modestes ou même des collines. et elle est capable de passer d'un instant à l'autre de la dépression à l'exaltation et réciproquement.
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En quête d'une poétique du rêve, Pessoa situe également Le Marin au paroxysme du tragique :
"Oh, quelle horreur, quelle horreur intime dénoue la voix de notre âme et les sensations de nos pensées et nous fait parler et sentir et penser quand tout en nous demande le silence et le jour et l'inconscience de la vie..." (p.63).
Cinq personnes : Trois Veilleuses, le Marin et "la cinquième personne [...] qui tend le bras et nous interrompt chaque fois que nous allons sentir" - composent ce "drame en âme".
"Ne sentez-vous pas tout cela comme une araignée qui d'âme en âme nous tisse une toile noire qui nous attrape ?"
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Chanson de geste crétoise en cinq parties ou chants de plus de dix-mille vers, écrite au XVII° siècle, peu avant que la Crète, après une résistance farouche, ne passe sous la domination turque, l'EROTOCRITOS est, non seulement pour la Crète, mais pour la Grèce, un poème fondateur, à la fois populaire et nourri de culture savante. Son auteur, Vitzentzos CORNAROS, noble crétois ou vénitien, est manifestement l'héritier de la tradition lyrique des troubadours et des chansons de geste françaises et italiennes, et son oeuvre se situe dans l'immense mouvement de translation créatrice en langues vulgaires de ce qui constitue le fonds de la culture et de la civilisation occidentale, à la fin du Moyen-Age et durant toute la Renaissance. Ce qui est cependant remarquable, c'est que cette oeuvre écrite ait été jusqu'à nos jours relayée par la tradition orale, au point que de larges passages en sont connus par coeur par de simples paysans, aussi bien que par des universitaires, et que les membres de toutes les couches de la société semblent se reconnaître et communier en elle. Il est de ce point de vue frappant de constater combien son rythme même - le vers iambique de quinze syllabes - a imprégné la diction et le phrasé de la langue communément parlée. Tous les grands poètes grecs, de Solomos à Séféris, ont célébré ce poème et dit ce qu'ils lui devaient. Que ces dix-mille vers n'effraient pas : il conte les amours contrariées d'Erotocritos pour Aréthuse, fille de roi. Lui sera exilé, elle sera emprisonnée. Sur fond de tournois de chevalerie, de combats héroïques, et de métamorphoses jusqu'aux retrouvailles, ce long poème aux accents raciniens, se lit comme un roman de cape et d'épée. Cette traduction, sous l'égide de l'Atelier Européen de la traduction et de la Scène Nationale d'Orléans, s'est faite à partir du texte grec, tel qu'il a été établi et annoté par Stylianos ALEXIOU. Elle est le fruit d'un collectif qui réunit trois personnes, Louisa MITSAKOU, Klairi MITSOTAKI et Constantin BOBAS, grecques de langue et d'origine - dont une crétoise - aux compétences multiples et reconnues, ainsi qu'un poète et traducteur français, Robert DAVREU qui par sa formation, est à même de lire le grec et de reconnaître, sur le plan lexical et sémantique, l'étymologie (ce qui veut dire aussi nombre d'arrière -plans culturels et philosophiques) sous la langue du XVII° siècle. Ce dernier a été chargé, à partir d'un mot à mot rigoureux, de donner à lire et à entendre en français une version définitive qui, au-delà d'un document, soit un poème. Le texte sera accompagné d'un CD où il sera donné à entendre Erotocritos tel qu'il est chanté, aujourd'hui encore en Crète par les bergers.